Du sur mesure pour ma douce…
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Si à l’occasion tu peux détailler ta machine ici, ce serait top !
http://veloartisanal.fr/viewforum.php?f=20En effet, ca parait compliqué de braser au cuivre sans titiller l’argent…
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En effet, ca parait compliqué de braser au cuivre sans titiller l’argent…
question de doigté . Au pire, l’argent va se barrer vers le haut du tube et sera remplacé par le bronze. et sur la face arrière du raccord, pas de risque, c’est suffisamment loin.
J’irai mettre une description de la grugeuse dans le forum adéquat. Il faut que je fasse des photos pour que ce soit à peu près clair.
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Et c’est parti pour un après-midi de chalumeau. Je vais essayer de détailler au mieux les différentes étapes que je suis afin de finir avec un triangle avant droit.
J’ai d’abord brasé les portes bidons sur le tube oblique, et les arrêts de gaine sur le transversal, c’est bien mieux pour les contraintes internes de le faire avant le brasage du triangle. Ensuite, gros nettoyage interne externe, avec toile et essence F. Je remonte le tout dans le jig après avoir mis du flux à l’intérieur des tubes. Puis une petite couche de flux autour de chaque assemblage.
Pour le pointages, une petite flamme oxydante (avec un excès d’oxygène, un seul cône) que je concentre uniquement dans le plan du cadre, au dessus et en dessous de chaque jonction de tube. Le top du pointage en brasage bronze, c’est quand on arrive à faire un mini filet bien pénétrant, comme sur le tube oblique (je n’y arrive pas à tous les coups, mais là je peux faire le malin).
A partir de là, je ne reviendrai plus sur le jig pour le triangle avant (quand je vous dit que ça ne sert à rien, ces jigs )
A cette étape, mon triangle est pointé dans le plan du cadre, en dessous et en dessus des jonctions, SAUF au niveau du boitier, où le tube oblique est simplement retenu par un clou. A noter que j’ai mis du flux argent dans cet assemblage, qui reste (presque) libre jusqu’à maintenant afin de faciliter d’éventuelles corrections au cours des différentes phases à venir.
Le triangle part sur le marbre (ah, ce marbre, c’est vraiment indispensable…) pour vérifier 2 choses : d’abord que le tube de direction est à la même hauteur que le tube de selle, puis que le tube de direction est dans le même plan que le même tube de selle. Pour vérifier ces points, il faut poser le cadre sur le marbre, boitier bien bloqué dans le post, tube de selle bien horizontal (et à ce point, si on a bien fait l’assemblage Boitier/tube selle, il ne doit pas y avoir de souci).
On vérifie alors que le tube de direction est à la bonne hauteur. J’ai un gabarit tout simple pour ça, qui me permet aussi de vérifier les autres écartements . Ce gabarit est monté sur un vieux trusquin, qui est avec le marbre un outil indispensable dans l’atelier (vive leboncoin !!!)
Ensuite, et c’est là que ca devient pointu, on vérifie que le cadre n’est pas vrillé. Cette vérification est parfois faite par certains cadreurs juste au niveau du tube de direction avec un trusquin. Or, cette méthode est bien loin de donner des bons résultats, car le tube est trop court pour donner quelque chose de précis, et qu’il n’y a aucune raison que l’extérieur du tube soit bien cylindrique (déformations d’origine, déformations thermiques). Il faut en fait faire la mesure à partir de l’intérieur du tube, idéalement après avoir mis un coup d’alésage, et à une distance suffisamment importante pour que la mesure soit représentative.
Pour cette mesure, j’utilise 2 cônes et une tige de 16mm de diamètre et de 1.20m de long. Les cônes sont des pièces de remplacement de chez Cyclus tools, qu’on peut trouver chez Rose bikes. On peut aussi les tourner, mais ceux de Cyclus sont en inox bien dur, et bien alésés à 16 mm.Un cadre est bien droit quand le trusquin, à 1m de portée, affiche moins de 1mm de différence entre chaque extrémité. C’est du moins le critère que s’appliquent les meilleurs cadreurs. Pour info, mon vélo de route que j’utilise beaucoup a une déflection de 7mm à 1m, et c’est imperceptible en utilisation. Cependant, cette marge de 1mm à 1m est à mon avis ce qu’on doit viser pour un cadre de grande qualité. Si ca vous amuse, mettez un cadre industriel sur le marbre, vous serez surpris par les déflections
Dans le cas présent, le cadre pointé est bien droit, ce qui est certainement dû à :
- des grugeages bien précis (merci la grugeuse)
- un jig pas trop tordu (normal, j l’ai assemblé sur le marbre)
- une maitrise parfaite du chalumeau lors du pointage (euh….)
- de la chance (ca, c’est bien possible).
Donc on a un cadre pointé bien droit qu’il faut maintenant braser. Je vais commencé par braser le tube de direction. Une nouvelle petite couche de flux (fine), et hop le chalumeau. Après avoir beaucoup expérimenté sur des tubes d’essai, la méthode que j’ai retenu pour le séquençage du soudo brasage (il faut travailler par quadrants pour éviter les déformations lors de l’application du cordon de brasage), c’est : 3h-12h, 9h-6h, 3h-6h, et enfin 9h-12h. Et évidemment, il est conseillé de mettre le cadre dans un porte vélo bien articulé afin d’avoir toujours le bon accès à l’assemblage qu’on es en train de braser.
Le tube de direction étant brasé sur le transversal et l’oblique, retour sur le marbre pour vérifier la déformation. Ici , ca a bougé de 1.3 mm (à plus de 1m). que je rattrape facilement, car à ce point le transversal est juste pointé sur le tube de selle, et l’oblique est presque libre dans le boitier.
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Je brase alors le transversal sur le tube de selle, et retour sur le marbre pour vérifier l’alignement. Si c’est ok, je pointe alors l’oblique sur le boitier (sinon, j’aurai encore pu redresser un petit peu avant. juste un peu cependant):
Je peux maintenant braser complètement le boitier (à l’argent ici), et bien entendu à vérifier que j’ai une bonne pénétration :
Il va falloir maintenant nettoyer, limer, polir … mais ce sera pour une autre fois.
Au fait, le soudo brasage du transversal sur le tube de selle n’a pas tout fait partir l’argent du raccord :
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cela a deja été dit mais chapeau…
Je crois que tu es le bon exemple pour montrer qu’il ne faut rien laisser au hasard (contrairement à moi qui ait tout laissé au hasard…)Tous tes cadres sont avec manchons ? si oui pourquoi ? (et si non, pourquoi ?)
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très didactique, bravo, merci.
Quand tu parles de redresser, c’est du au fait que le boitier et le HT et ST ne sont pas encore très souder.
Tu fais donc bouger ces tubes entre eux pour remettre le cadre droit ?
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Tous tes cadres sont avec manchons ? si oui pourquoi ? (et si non, pourquoi ?)
Les manchons, c’est utile quand les tubes sont trop fins pour supporter une température trop élevée lors du soudo brasage au bronze (à l’argent, c’est différent). Par exemple, un tube de selle non renforcé de 0.6mm sera vraiment fragilisé et déformé si on fait directement un soudo brasage dessus. Donc manchon.
Dans le cas de ce vélo ici décrit, les manchons sur la douille sont plutot décoratifs, j’aurais tout aussi bien pu braser les tubes directement dessus. Mais je voulais essayer le bilaminate. Paul, si tu regardes mes photos sur flickr, tu verras par exemple que le VTT n’a qu’un seul manchon, au niveau de la jonction transversal/selle.Quand tu parles de redresser, c’est du au fait que le boitier et le HT et ST ne sont pas encore très souder.
Tu fais donc bouger ces tubes entre eux pour remettre le cadre droit ?
C’est ca. Tu redresse quand le cadre n’est que pointé. A cette étape, la jonction que tu veux redresser n’est pas très costaud, et tu peux encore agir. Bien entendu, on parle de ramener ou 2 mm. Il faut aussi faire attention aux appuis qu’on met sur le cadre quand on redresse, afin de ne pas aller foirer un autre tube. En revanche, une fois que le tube est complètement brasé, alors là c’est mort pour redresser (à moins de tordre/vriller le tube… et c’est une zone dangereuse!). Tu peux aussi redresser avec le chalumeau, en mettant un peu plus de température d’un coté que d’un autre. Ca marche aussi.
C’est pour ca que j’aime bien braser : il faut aller doucement, et bien réfléchir.
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C’est superbe un tuto aussi bien détaillé et illustré. Quel beau boulot!
Bien sur, pour un novice, ça soulève de nombreuses questions (“Plus on apprend plus on ne sait rien.”), mais ça donne de bonnes lignes de réflexions.Un grand merci!
Si je comprends bien, les manchons sont nécessaires avec des tubes “droits” non renforcés. Admettons que ce soient des tubes Zona en 0.8 - 0.5 - 0.8, ça serait déjà moins le cas.
Je ne suis pas certain de bien comprendre s’il existe une différence entre brasage et soudo-brasage?
C’est sympa de partager tes expériences au niveau de l’alignement et de la séquence d’assemblage, ça évitera des ratés à pas mal d’entre nous à mon avis.
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Si je comprends bien, les manchons sont nécessaires avec des tubes “droits” non renforcés. Admettons que ce soient des tubes Zona en 0.8 - 0.5 - 0.8, ça serait déjà moins le cas.
ils sont nécessaires quand le tube est trop fin pour supporter la charge et la température. Un Zona en 8/.5/.8 est OK, mais ce n’est pas un tube de selle, c’est un top tube ou un oblique . Le tube de selle en Zona fait .6, ce qui est trop peu pour supporter la charge transmise par la tige. D’où la nécessité de manchonner le tube de selle, ou d’utiliser un tube renforcé en diamètre externe (ie Diametre iterne constant, et “evasement” sur diametre externe)
Brasage et soudo brasage : les termes sont en fait impropres pour un puriste. Mais dans l’industrie du vélo, on appellera brasage la technique qui consiste à faire couler la brasure (argent ou bronze) dans le jeu créer par un assemblage de type manchon (raccord ou manchon de renfort), et soudo brasage la technique qui consiste à faire un congé de brasure autour de l’assemblage de 2 tubes positionnées l’un par rapport à l’autre par un simple (mais précis) grugeage.
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Et on continue. Avec un tout petit détail, mais qui est le genre de truc qui énerve quand on est un amateur sans stock de pièces diverses : j’ai oublié de commander des arrets de gaine pour les dérailleurs, et Ceeway, qui est la caverne d’Ali Baba pour nous, a des frais de port un peu prohibitifs.
Alors la débrouille : j’ai des stocks de tiges de différents diamètres dans un coin (il ne faut rien jeter). Une tige de 6mm, une autre de 8mm, et un boulon feront l’affaire :
Percage du boulon à 6mm, et petit filet au bronze:
mise en forme du boulon, qui servira de socle pour l’ensemble, et qui sera brasé à l’argent sur le cadre:
on retourne, et on fait un logement pour la partie qui accueillera l’arret de gaine :
La tige de 8, percée et taraudée M5 :
On brase le tout, encore une fois au bronze (encore une fois, les chutes servent à tout
et voilou :
La suite tout bientot
Christophe
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Chapeau bas ! c’est vraiment du beau travail.
Avec si peu d’expérience (10 cadres) c’est exceptionnel !
J’aime beaucoup le côté créatif et exclusif et la débrouille pour des détails “maison”
Au plaisir d’admirer un jour de visu ces belles créations.
mike -
Vraiment très fort ! J’adore lire des topics comme ça.
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je suis venu j’ai vu et…je suis sur le cul
de beaux outils mais surtout beaucoup de minutie et d’application. On voit clairement qu’il n’y a pas de miracle, et les vélos sont vraiment beaux.
Une aprem très instructive, merci bien Chrsto et au plaisir -
et c’est parti pour le plus difficile, c’est à dire le triangle arrière.
En premier, les pattes sur les bases. Bien classique, fente dans la base, préparation de la patte (ici c’est une Ritchey que j’ai évidé car elle est bien épaisse), et brasage au bronze. C’est la première fois que je fais une "scaloppe), c’est à dire que je ne reprends pas la brasure à la lime. C’est un peu délicat à faire, il faut bien doser la chaleur.
Ensuite, c’est préparation des bases coté boitier. il faut bien préparer, c’est à dire nettoyer, mettre en forme, redresser, afin que tout se monte dans le jig (ben oui, là j’utilise le jig , mais je pourrais faire pareil sur le marbre) sans aucune contrainte. Ce dernier point est fondamental : un cadre avant brasage doit tomber sur le jig sans qu’aucun composant soit placé en force. Et aussi, sans avoir à serrer le jig pour obtenir l’alignement. Pour info, Richard Sachs ne sert jamais les éléments de son jig…
Je pointe dans le jig, c’est à dire juste un petit brasage à 4:00, sans beaucoup de pénétration
et je pose le tout sur le marbre pour vérifier l’alignement avant le brasage complet. Ici, la base droite est un peu haute, donc je la remet doucement dans l’alignement, ce qui est facile car il n’y a qu’une petite portion brasée :
Y’a plus qu’à braser et ensuite bien laisser tremper pour dissoudre le flux (sinon on en laisse dans le boitier et on flingue les tarauds de boitier sur la céramique
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je suis toujours intrigué par ces clous…
a l’origine il y a un trou, un congé ou quelque chose ou c’est toi qui adapte ? je n’ai pas pensé à regarder hier -
je suis toujours intrigué par ces clous…
a l’origine il y a un trou, un congé ou quelque chose ou c’est toi qui adapte ? je n’ai pas pensé à regarder hierDes clous tout simple, diamètre 2.2. Et un trou tout bête à la perceuse, là où tu veux.
Bon, alors le boitier est brasé, mais à part un gos coup de pot, il y a peu de chance que ce soit bien droit. Alors on retourne sur le marbre pour voir ce qu’il se passe : tout d’abord l’écartement (je vise 132, c’est à dire 130 + 1mm de chaque coté). Pour ca, j’ai ce gabarit qui était commercialisé par Alex Meade, mais qu’un trusquin peut tout à fait remplacer. Puis je vérifie ensuite que les pattes sont bien sur la même perpendiculaire au marbre, avec une équerre à chapeau.
C’est pas tout à fait droit, je dois faire une petite correction sur la base droite, 2mm vers le haut, et 2mm vers le sol. Pour ne pas me mélanger les pinceaux , je fais une petite marque au feutre qui me donne le sens de la correction. Apres correction, ca donne ca :
Mais ce n’est qu’un degrossissage, qu’il faut peaufiner avec les outils qui vont bien pour redresser/aligner les pattes (d’ailleurs, si vous avez des pattes en inox, bon courage ….), jusqu’à ce que ce soit parfait :
Comme tout est aligné, je peux nettoyer le boitier :
Et même si ca ne sert à rien à cette étape, je ne peux pas m’empecher de faire ca :
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Bravo !
Je ne m’en lasse pas ; bonne continuation.
MD -
Très intéressant , j’apprends plein de choses !
Ta méthode de contrôle des alignements est très poussée : j’aurais peur de présenter mon premier vélo sur ton marbre
D’ailleurs n’utilisant pas vraiment de “Jig” , je vais essayer de m’inspirer de cette méthode de montage sur marbre (même si je n’en ai pas !) -
Très intéressant , j’apprends plein de choses !
Ta méthode de contrôle des alignements est très poussée : j’aurais peur de présenter mon premier vélo sur ton marbre
D’ailleurs n’utilisant pas vraiment de “Jig” , je vais essayer de m’inspirer de cette méthode de montage sur marbre (même si je n’en ai pas !)Quand tu assemble tes composants, ca ne bouge pas (quand la colle polymérise, par exemple )? Je trouve ta technique vraiment intéressante. Un marbre tout simple devrait réellement te simplifier la vie pour les alignements. Je suis impatient de voir la suite.
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Et non , avec la colle on n’as pas de problèmes de déformation comme vous avez vous les métalleux !
Par contre au serrage , ça peut glisser (comprendre : ça VA glisser)