Et maintenant c'est pour moi…
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Le problème des hobbyistes, c’est qu’une fois qu’ils ont fait le tour des vrais potes, de leur douce, de leurs filles et de leurs cousins, ben ils n’ont plus personne qui veut un nouveau cadre. Il a bien leur mère, mais elle elle veut un vélo type hollandais avec une béquille, mais bon, on a sa fierté tout de même.
Donc comme il faut bien s’occuper, le hobbyiste se creuse la tête pour justifier la fabrication d’un nouveau cadre.
C’est là où j’en suis…
Vous l’avez compris, il est urgent que je me fasse un nouveau cadre
Et comme j’ai besoin d’un soutien psychologique fort, et que c’est pas du coté de la famille que je vais trouver une compassion exemplaire, je me propose de vous faire un exposé encore plus complet du cas, un peu comme à une réunion des alcooliques anonymes, quoi.
L’idée de ce post, c’est de montrer en détail comment je vais m’y prendre, et surtout de faire en sorte que ce soit le plus interactif possible. Entendez par là que je serai bien entendu ravi de donner des détails et de répondre à des questions, mais encore plus ravi si vous me donniez vos avis, vos opinions, vos façons de faire…. que vous soyez hyper compétents ou simplement passionnés !
Alors étape n°1 : C’EST POUR QUOI FAIRE ?
En effet, voici certainement la toute première question qu’un cadreur doit se poser (ou plutôt poser à son client, dans ce cas… ma pomme).
Et bien il s’agit d’un vélo de route, pour rouler longtemps en terrain vallonné et montagneux. Avec ses potes, pas en compétition. En confort, ca le client a 50 berges et une hernie discale. Et comme le client n’et pas un farfelu qui pense qu’un vélo, ca doit forcement être super léger, il veut aussi une fourche acier parce qu’il sait qu’une fourche acier c’est super confort.etape n°2: IL EST POSE COMMENT, LE CLIENT, SUR SES VELOS ?
Voici une discussion qui pourrait prendre une vie. C’est un truc hyper compliqué, et il n’y a pas à ma connaissance de formule magique.
Vincent Blondeau, normalement c’est là où tu interviens, parce que sur ce coup on est au cœur de ton expertise.Ceci dit, dans mon cas je vais prendre un gros raccourci, car je sais exactement comment je suis posé sur mes autres vélos, et cette position je la connais au mm près. Donc ce sera le point de départ. Comme un bon dessin est plus simple qu’un tas de chiffres, ma position sur un vélo de route est la suivante :
En plus de ces cotes de position, ce que j’ai figé à ce stade, c’est le type de selle et la longueur des manivelles. Mais il est important de noter que cette position est obtenue en respectant un point fondamental (du moins pour les cadres de route) : on pose un cycliste sur ses fesses en prenant en compte où sont ses pieds. Ensuite on positionne ses mains. Et dans tous les cas on part de ce que le cycliste veut faire avec son vélo.. C’est simple à dire, c’et très compliqué à faire, c’est rarement suivi, même par des gens qui roulent depuis des années (en gros, la plupart des gens avec qui je roule en club veulent d’abord un cadre carbone hyper beau, et ensuite hyper léger, puis hyper rigide. Pour la position, on met des tiges hyper déportées et des potences bizarres (mais hyper légères)).Il faut donc maintenant que je relie ces points d’appui, en respectant un certain nombre de règles de dimensionnement. Et comme on dessine un cadre de la même façon qu’on positionne le gars qui va dessus, on commence par l’arrière
étape n°3 : LE TRIANGLE ARRIERE
c’est un vélo pour rouler longtemps, pas un truc monoplateau/fixie/hype/urban. Donc le coup de mettre des bases super courtes, c’est pas pour ce cadre (en fait, la mode des bases hyper courtes me laisse un peu rêveur parfois).
Dans le cas présent, il n’y aura pas de porte bagage et pas de garde boue. En revanche je veux monter des pneus de 25 et mettre un dérailleur avant. Comme je roule souvent en montagne sur des routes un peu dégradées, avec gravillons, parfois boue, feuilles, etc… je veux à peu près 10 mm d’espace entre la roue et le tube de selle. Avec moins, il y a un bon risque d’avoir des petits soucis.Un élément d’importance, que je sors un peu du chapeau : j’aime bien les boitiers de pédlier bas. Vraiment bas. Même si je mets des manivelles de 175. Parce que dans les descentes, ca fait une vrai différence. Et comme je ne suis pas du genre “explosif qui envoie la patate dans les sprints”, ca ne me gène pas de ne pas avoir un boitier tout perché à 275mm. Donc je vais mettre un drop de 78mm (on trouve généralement du 70 ou 75mm en standard).
Et enfin, je vais mettre une tige de selle à déport raisonnable (21mm) sur laquelle la selle sera bien centrée (parce que quand on déplace la selle au maximum dans un sens ou dans un autre sur ses rails, on perd la plupart des qualités d’amortissement de la selle).
Pour arriver à tout ça (drop de 78mm, 10mm d’espace roue avec des 25mm, selle centrée), j’en arrive aux dimensions suivantes (faites abstraction de l’avant du cadre) :
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étape 4: LE TRIANGLE AVANT
Maintenant que les fesses et les pieds sont bien posés derrière, il faut s’occuper de l’avant. Pour cela, il faut prendre en compte plein de choses parfois contradictoires (ce serait top facile sinon), et faire des choix. La difficulté avec le dessin de l’avant du vélo, c’est que tout est imbriqué.
le dessin va devoir inclure :- la position (la cote de longueur de mon premier croquis qui représente la distance entre la selle et le cintre)
- La bonne répartition du poids du cycliste entre les 2 roues (en théorie, on vise 60% à l’arrière, 40% à l’avant pour ce type de vélo. Imaginez qu’on mette une balance sous chaque roue avec le cycliste sur le vélo, en position de croisiere. Si le gars ne se casse pas la gueule, on doit lire la repartition 60/40 idéalement)
- Le comportement recherché. Ce point est aussi souvent sujet à discussions sans fin. Mais globalement, on parle ici de facilité à mettre son vélo en courbe, et de stabilité du vélo. Est ce qu’on veut un vélo hyper peinard qui roule tout droit quand on lache tout, ou une bestiole qui s’agite dès qu’on lui titille le cintre ? Ceci est à définir à l’étape 1. Dans mon cas, je veux du stable pour le longues virées en montagne et les longues descentes, mais aussi du maniable pour les mêmes descentes sinueuses.
Pour la position, c’est déjà défini. La question sera alors de savoir quelle potence je vais mettre pour respecter l’équilibre du vélo. Pour ma taille, ce sera certainement 120 ou 130 (en fait, j’aurai vraiment aimé qu’un fabricant fasse une 125, mais ça ne court pas les rues).
Pour la répartition des masses, et compte tenu de la position de la roue arrière précédemment définie, il me faut viser une distance d’environ 600 à 610 mm entre le boitier et l’axe de roue avant. Cette distance, appelée Front-Center chez les cadreurs anglo saxons (FC) est fondamentale. Encore une fois, Vincent B. pourrait certainement nous faire un cours magistral là dessus. Personnellement, j’aime bien tourner pour moi autour de 605 max (pour un route. Pour un VTT 29" de XC/rando, je monte pour moi à plus de 660mm). On trouve selon les tailles des FC de 570 à 615. Les petits FC peuvent induire des problèmes d’instabilité et de conflit pied/roue avant, ils sont donc réservés aux petits cadres avec petites manivelles (en éventuellement petites roues)
Pour le comportement, c’est l’affaire de l’angle de direction (petit = pépère, redressé=vif) et de la chasse de l’avant (et là encore, VB pourrait intervenir, car la chasse c’est compliqué : chasse mécanique, chasse projetée ?…). Je veux du relativement cool, et du maniable, donc je vais tourner autour des 72,5-73° en angle, et vers les 60mm max de chasse.
Compte tenu de tous ces paramètres, j’ai fais tourner BikeCad (qui est vraiment bien fait, du moins la version payante. Pour une version gratuite de logiciel dédié, je vous invite à aller voir RattleCad, moins simple mais très bien fait aussi). Voici où j’atterris, sachant que j’ai opté pour une potence de 130, et juste 5mm de bague sous la potence :
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Hyper intéressant !
Ou as tu trouvé toutes ces info ? Ou plutôt comment a tu fais le tri dans des débats interminables ? -
L’expérience, jeune Padawan, l’expérience ……
Sinon, j’ai mal au dos, mais j’aime vraiment rouler. Alors j’ai beaucoup lu sur le sujet, et beaucoup expérimenté aussi (en fait j’ai un tiroir plein de potences). Ensuite, il ne faut pas hésiter à discuter et écouter les vrais vélocistes (même si c’est difficile à trouver. Pour toi, ast (je crois que tu es à Lyon, non ?), je te conseille de voir Nicolas Martin des cycles Veran) qui savent poser un gars sur un vélo. Et enfin, il faut bien lire ce qui est publié par les papes du métier sur velocipedesalon. Il faut être sélectif bien entendu. Je me cantonne beaucoup aux avis de Sachs, Fattic, Bohm et Amaro pour les vélos de route, et Steve Garro, Eric Estlund et Walt Whener (sur mtbr.com) pour les VTT
C’est vrai qu’il y a une quantité énorme de trucs publiés, et que faire le tri est parfois décourageant. En fait il faut juste comprendre les principes de base (positionnement, répartition et comportement) et ensuite trouver le compromis.
Sinon, quelqu’un sait comment on corrige une erreur dans un post qu’on a tapé ? J’ai dis une bêtise dans le premier post
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Tu cliques sur le petit symbole de stylo.
Pour les problèmes de posture j’ai donné, je fais de la longue distance et les problèmes de genoux nuque mains etc je commence a connaitre.
J’ai réussi a trouvé ma hauteur de selle, c’est déjà pas mal….Par contre je n’ai jamais réfléchi a la répartition des “charges” a la chasse etc qui là sont plus lié a la “sensation” sur le vélo et ça c’est un point auquel je suis assez peu sensible malheureusement…
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Cool pour le petit stylo, je vais pouvoir dire encore plus de bétises, et ensuite les corriger.
Même si ta position est bonne, le mauvais dessin d’un cadre va te fatiguer sur la longueur : vélo trop vif à tel point qu’on ne relâche jamais la pression sur l’avant, pas assez stable pour qu’on finisse les descentes avec les mains (et les fesses) toutes crispées, bases trop courtes quand on a un gros recul de selle et qu’on est assis juste au dessus de la roue, etc….
Il y a longtemps, les cadres étaient proposés dans tout plein de tailles, ce qui permettait de trouver dans la plupart des cas le bon équilibre. Maintenant que les cadres sont moulés avec des moules qui coûtent très cher, et que les distributeurs ne veulent plus gérer des catalogues pléthoriques, il n’y a que 4 tailles par gamme, et on joue sur les composants pour repositionner le bonhomme. Ca marche dans la plupart des cas, mais pour ceux qui ont des problèmes de dos, c’est pas idéal car quand on va vers les limites on déséquilibre le vélo.
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comme d’habitude, ca part très fort…
Tu vas bientôt pouvoir faire des vidéos style pythibikes -
étape 5 : LE DESSIN (presque) COMPLET
on a les dimensions principales bâties autour des règles de dimensionnement, de la position et du comportement souhaités. Maintenant, il faut peaufiner un peu, en particulier pour voir si les angles sont corrects, en particulier au niveau du boitier et du DT, pour lesquels on est aux alentours de 60° pour cette taille de cadre. De même, on fait attention à ce que la fourche permette de monter un pneu sans que ça frotte (je sais, ça m’est arrivé de n’avoir que 2mm entre le té de fourche et un pneu de 23 )Pour ce cadre, je vais encore faire un bilaminate, et je vais utiliser un boitier à raccords. Donc je n’ai pas vraiment de souci à me faire avec les angles (encore que, même avec des raccords partout, on arrive toujours à modifier de 1 à 2° facilement, et beaucoup plus en retravaillant le raccord à grands coups de scie). Pour les pattes arrières, je vais probablement utiliser des pattes inox à emmanchement, ce qui limite un peu les possibilités d’angle entre les bases et les haubans.
Comme c’est un bilaminate (ca aurait été pareil pour un tout soudo brasé), je peux facilement jouer sur les parties qui dépassent du tube de selle, en haut et en bas. Ca permet, en particulier en haut, de pouvoir avoir un tube de direction assez haut, et donc de réduire l’empilement de bagues disgracieuses.
Au bilan, ca donne ceci :
Y’a plus qu’à choisir les tubes !
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Bonjour a tous.
Christo,tout d’abord, merci pour tes contributions au forum qui sont d’une énorme valeur. Merci pour ton temps et l energie que tu mets a transmettre ton experience.
En temps normaux, mes commentaires qui suiveront n’auraient pas lieu d’exister. Je ne me prête à l’exercice uniquement sur ton invitation…
Lorsque j’examine les specs de ton velo, je ne vois rien de très particulier. Tu souhaites un velo de route en taille 57/58 pour aller faire tes sorties dominicales avec les potes… quel intérêt pour du sur mesure sachant que ce type de vélo pullulent sur LBC pour 1000 balles complet… OK il sera “différent” et “unique” mais est ce que cela justifie vraiment l’énergie et le coût supplémentaire par rapport à une bonne d’occaz ou même un neuf?
Je suis sensible aux arguments esthétiques, mais est ce que je paierais le double ou le triple juste pour avoir un objet unique qui aura perdu toute valeur de revente sur le marché de l’occass?
Par contre, si cet objet correspond à un besoin de niche bien spécifique qui n’est pas ou mal traité par l’industrie (un vélo de bikepacking, un “gravel” bien pensé ou un porteur pour la ville), alors là je n’ hésiterai pas…
Conclusion; tu ne veux pas nous sortir un cadre léger avec des pneus de 33 avec des gardes boues et un porte avant? En plus, je suis sur que tu as plein de belles routes à explorer par chez toi
Bonne soirée
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Tu as raison, ce cadre n’a pas grand chose de particulier, il est juste bien taillé pour moi. Et je pourrais en effet trouver quelque chose d’avoisinant en occaz ou en neuf (enfin, c’est discutable). Mais ce qui me plait vraiment, c’est de le construire, et de le construire du mieux de mes compétences. Les heures que je passe à comprendre comment on fait un vélo, les tubes que je travaille à la lime, les soudures que je fais sont autant de découvertes qui m’amènent autant de plaisir que d’aller rouler. Le coût et l’énergie ne sont rien comparés à ce plaisir de la découverte, de la compréhension et de la réalisation de ces techniques.
Et puis j’aime voir la tête des gars quand ils me voient sur un acier, et je me délecte du moment où je leur dis que c’est moi qui l’ai fait !
Il ne s’agit pas ici de vendre mes cadres. Tout d’abord, je pense que ce serait présomptueux de vendre un cadre alors qu’on en a fait 10 en tout. Le fabriquer pour un proche ou un copain au prix coûtant, éventuellement, mais le vendre…. Quand j’en aurai fait 50, simples et bien taillés, je changerai peut être de perspective. Mais pour l’instant je me concentre sur ce que j’essaye de maîtriser.
A propos de ta remarque sur le coût des pièces uniques. Si tu veux dire que tu ne comprends pas le prix d’un Levacon, d’un Sachs ou d’un autre cadreur de renom alors qu’on peut acheter un cadre semblable beaucoup moins cher, et bien je pense en effet qu’y mettre un tel prix est parfois discutable du moins d’un point de vue économique. Mais souvent, les gens qui achètent un tel cadre ne pensent pas à le revendre derrière, et sont prêts à mettre beaucoup d’argent dans un objet dont la finition sera (presque) parfaite. Moi, je suis vraiment bluffé par la maîtrise de ces artisans, et je tiens à comprendre comment ils s’y prennent pour sortir leurs cadres. C’est certain que fonctionnellement ces vélos sont proches des vélos de série, mais le travail qu’il y a derrière est incomparable.
C’est vrai qu’un FKC, par exemple, est plus novateur que la plupart des velos que les cadreurs classiques réalisent. En fait, j’essaye de comprendre comment Kerautret dessine des cadres (la roue arriere desaxée, c’est facile à piger, mais le zero rake sur une roue de 650b je ne comprends toujours pas). Mais je suppose qu’avant d’en arriver là, il a dû faire un paquet de vélos classiques, le Kerautret.
Plutôt qu’un gravel (ca a été le premier vélo que j’ai construit, sous la supervision d’un cadreur pro), je pense qu’un de ces 4 je me ferai une belle randonneuse en 650b. Parce que c’est hyper compliqué à concevoir et très difficile à faire. Surtout si je succombe au marketing et que j’y mets des disques. Avant de passer à ça, il faut que je continue à m’améliorer sur des cadres plus simples, et que je me mette à comprendre comment on dessine une randonneuse. Et puis il faudra que je justifie chez moi qu’avec 1 gravel et 3 vélos de route, j’ai encore besoin d’une randonneuse.
Donc je ne suis vraiment pas assez expérimenté pour me lancer dans des projets qui demanderaient plus de technique. Ca viendra peut etre un jour, mais pour l’instant va falloir que vous vous contentiez de ça (en même temps, t’en vois beaucoup, des bilaminates, par chez nous ?)
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Tu as raison, ce cadre n’a pas grand chose de particulier, il est juste bien taillé pour moi. Et je pourrais en effet trouver quelque chose d’avoisinant en occaz ou en neuf (enfin, c’est discutable). Mais ce qui me plait vraiment, c’est de le construire, et de le construire du mieux de mes compétences. Les heures que je passe à comprendre comment on fait un vélo, les tubes que je travaille à la lime, les soudures que je fais sont autant de découvertes qui m’amènent autant de plaisir que d’aller rouler. Le coût et l’énergie ne sont rien comparés à ce plaisir de la découverte, de la compréhension et de la réalisation de ces techniques.
Salut
oui pas de soucis de ce coté là. Je pense que ce qui nous réunis tous ici c’est le plaisir de passerdes heures à l’atelier à comprendre; analyser, experimenter…Je ne compte plus les heures à réfléchir à des problèmes de construction et effectivement, j’y prend moi aussi plus de plaisir qu’à rouler au final (en fait je m’oblige à aller rouler pour justifier du temps passé à l’atelier
J’ai mal lu ton poste que j’ai compris comme un exercice “à blanc” face à un client. Les conseilleurs ne sont pas payeur, mais je trouve un peu “dommage” que certains cadreurs respectent scrupuleusement les souhaits d’un client (par exemple un cadre de course dans une taille courante) alors qu’en le conseillant un peu plus ou en le poussant un peu on pourrait aboutir à un produit plus complet peu ou difficilement trouvable en grande série (des attaches pour un potentiel PB; des GB; des tubes “light”; une geo optimisée ect…)…Je sais que ce n’est pas dans la lignée du 'client roi", mais l’idée est d’anticiper un peu la demande du client pour éviter qu’il mette son cadre en vente sur LBC quelcques années plus tard parce qu’en fait il voudrait bien pouvoir monter tel ou tel accesoire auquel il ne pensait pas qcques années auparavant.
Enfin bon, tout ça en s’en fout car on est entre amateurs éclairés.
Il ne s’agit pas ici de vendre mes cadres. Tout d’abord, je pense que ce serait présomptueux de vendre un cadre alors qu’on en a fait 10 en tout. Le fabriquer pour un proche ou un copain au prix coûtant, éventuellement, mais le vendre…. Quand j’en aurai fait 50, simples et bien taillés, je changerai peut être de perspective. Mais pour l’instant je me concentre sur ce que j’essaye de maîtriser.
Si je peux me permettre encore un HS, je pense que tu es un peu (trop?) modeste. Je crois comprendre que tu respectes beaucoup les 'masters" outre atlantique qui préchent la bonne parole et tiennent les clefs du royaume bien gardés (ok, je suis un peu sarcatisque, mais je trouve que R. Sachs se comporte un peu en dieu parfois…) mais qu’est ce qui t’empêcherais de vendre tes cadres si tu le voulais? ton travail à l’air soigné et bien pensé. Ok tu galère peut être pour tes constructions, mais ça ne veut pas dire que tu n’es pas capable de produit de qualité. Il est important de dissocier qualité et efficasité. Je pense que tes productions (et celles d’autres amateurs) sont surement de bien meilleurs qualité que ce qui pouvait sortir des ateliers “de masse” dans les années 60-70. Et pourtant, beaucoup de ces vélos roulent encore.
Et puis il faudra que je justifie chez moi qu’avec 1 gravel et 3 vélos de route, j’ai encore besoin d’une randonneuse.
ta randonneuse pourra remplacer ton gravel et tes 3 routes… allez, passe directement la construction de cette randonneuse
Donc je ne suis vraiment pas assez expérimenté pour me lancer dans des projets qui demanderaient plus de technique. Ca viendra peut etre un jour, mais pour l’instant va falloir que vous vous contentiez de ça (en même temps, t’en vois beaucoup, des bilaminates, par chez nous ?)
tes bilames sont magnifiques, j’en suis jaloux. on s’en contentera donc
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Merci pour le ptit up et l’intérêt que tu montres, Princeofsherwood (je crois que je vais t’appeler Robin, ou POS, parce que Princeofsherwood c’est un peu long ). Dans l’absolu je pense comme toi, un client devrait écouter le cadreur, et pas le contraire. Maintenant, je suppose que les pros n’ont pas tant de demande que ça, et ils doivent se plier aux demandes, aussi peu fondées soient elles.
Pour les masters d’outre atlantique, ce que je respecte surtout c’est qu’ils n’hésitent pas à expliquer ce qu’ils font (jusqu’à un certain point). Sachs est à mon avis un vrai mégalo, mais si on passe ce point, il faut dire que ses cadres sont vraiment impressionnants, et ils évoluent avec le temps, contrairement à ce qu’il parait. Et si tu grattes bien, il donne toujours toutes ses recettes de cuisine, de manière lapidaire et parfois prétentieuse, car il est certainement persuadé que de toute façon personne n’a autant de maîtrise que lui. Mais au moins il partage. Pareil pour Steve Garro, d’ailleurs.
Pour en revenir au projet en cours, ce ne sera pas un exercice de style, mais bien un vrai nouveau cadre pour moi (en fait, j’ai déjà commencé certaines pièces). Avec des tubes bien choisis (ce sera le prochain post, et là j’espère aussi que tu auras un avis de passionné dessus) et des attaches discrètes de PB (comme sur quasi tous mes cadres)
Et après, la randonneuse !
A plus
Christophe
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Je suis complètement d’accord avec POS (encore plus court que Robin et comme les plans d’occupation des sols ont été remplacés par les plans locaux d’urbanisme pas de risque d’erreur !!!).
Si tu as envie de vendre des cadres, je ne vois pas, vu ta maîtrise, pourquoi tu devrais attendre les 50. Pour ma part, je n’ai pas attendu ce niveau de finesse. Je ne considère d’ailleurs pas qu’il soit nécessaire sur les cadres que je produis et mes clients sont contents (mais je ne leur vends pas le fin du fin, simplement un vélo adapté à leur usage et qui leur plait). Je vais quand même prendre le temps d’aller vers cette finesse à titre personnel pour me sentir plus “large”, en avoir sous la pédale, ou juste me dire si je veux je peux.
Je ne suis pas le seul à être passé aussi vite des premiers cadres à la vente. Je ne crois pas par exemple que Patrice ait soudé beaucoup plus de 10 cadres avant de lancer Vagabonde (et il est autodidacte, pas passé par une formation) et il n’a pas spécialement de souci avec. Probablement que, comme moi, il trouve ses cadres du début pas très aboutis ou bourrés de défauts (et qu’il trouve encore des défauts à ses cadres actuels ce qui le pousse à s’améliorer). Idem pour François (Edelbikes) et d’autres moins visibles de nous (je pense à Malovelo de l’ancien forum qui vend un paquet de cadres dans son domaine du BMX de flat).
En France de toute manière comment veux tu te lancer à ton compte en ayant fait 50 cadres sachant qu’il n’y a personne qui va t’accueillir pour faire tes armes. D’un côté c’est plus compliqué, d’un autre ça te permet de créer toi même tes méthodes plutôt que de te formater à celle de quelqu’un d’autre (mais derrière on devrait plus échanger entre nous). Non franchement Christo, à part la fameuse norme qui ferait dire à VB que tu ne peux pas te lancer et qu’on est tous hors la loi, je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas te mettre en AE et vendre quelques cadres. Sans te cacher si tu ne te sens pas encore très fort. Tes clients sauront reconnaitre la qualité de ton travail.
Et je me permets aussi d’être une force de proposition qui fait plus que dans la finesse pour mes clients. Bon nombre d’entre eux a un certain nombre d’idées extraites souvent de lectures et je les oriente vers ce qui me semble le plus adapté pour eux ou vers quelque chose qu’ils sont suceptibles d’aimer. D’ailleurs en général les clients qui ont des idées un peu trop arrêtées, je me débrouille pour les décourager (ah oui parce que je ne suis pas non plus obligé de me plier en quatre pour garder coûte que coûte un client). Mais il est très probable qu’on rencontre plus d’enculeurs de mouche chez les routiers traditionnels que dans ma clientèle plus cool.
On en revient toujours au même “Tant qu’on a pas essayé on ne peut que supposer”. Et là je trouve que tu supposes beaucoup. Essaie !!!
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En France de toute manière comment veux tu te lancer à ton compte en ayant fait 50 cadres sachant qu’il n’y a personne qui va t’accueillir pour faire tes armes
C’est pas faux …
C’est peut être des discussions comme ça, et un forum comme Veloartisanal, qui me fera bouger dans ce sens.
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On a déjà parlé de ça… Surtout avec ta situation actuelle… L’un n’empêche pas de faire l’autre…
Bref tu as toutes les clés ! -
En fait c’est à la fois plus simple et plus compliqué. A part une norme inapplicable, il n’y a pas de cadre (un comble !!!). Il n’y a pas de formation, pas de cursus, pas d’apprentissage, pas de diplôme, pas de syndicat professionnel…
A partir de là :
- soit tu pars du principe qu’on n’est vraiment pas aidés, complètement laissés pour compte et que de toute manière on est hors la loi et tu ne fais rien, surtout pas faire quelque chose. Trop risqué, trop improbable… Tu oublies même jusqu’à l’idée de faire des vélos pour toi même, limite tu évites de faire du vélo au cas où tu aurais un accident et tu te mets aux jeux en ligne sur internet.
- soit tu te dis que s’il n’y a rien c’est qu’il y a de la place et que c’est une chance folle. Personne pour te dire ce que tu dois faire. Le truc insensé dans un pays où pour faire le moindre truc il faut 5 diplômes, 3 certifications et 4 inscriptions à des organismes divers. Alors tu fonces pour créer ce qui n’existe pas ou peu. Mais en gardant la tête froide et en faisant ce que tu fais avec conscience et sérieux.
Dans mon atelier j’ai écrit une phrase qui résume ma vision des choses : “Fabriquer des jouets en s’amusant, avec sérieux mais sans se prendre au sérieux”.
Ben oui faut redescendre sur Terre. Nos vélos sont des joujous de grands gamins. Alors faudrait pas trop se prendre le chou en les fabriquant. Se faire plaisir, faire plaisir au client, s’appliquer (ce qui fait plaisir aussi) et pas se prendre pour qui on n’est pas…
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C’est malin, POS me fait douter !!!
Et je suis en rain de me tapper les articles de Jan Heine sur la géométrie des radonneuses
je me demande donc, avant de commander mes tubes et de vous faire un blabla sur la sélection, si je ne vais pas me faire une randonneuse 650B ! Ah, ces mecs en collant vert …. -
allez hop, pas besoin de réfléchir. Chasse de 40, tube standart light de chez Tange. Voilà, t’as plus qu"à faire
Ah, ces mecs en collant vert ….
Green is the new sexy
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Bon, ben c’est parti pour une randonneuse en 650B et pneus de 42, à la René Herse. Pour le dessin, c’est la même idée que précedemment : je pars de ma position et je construis autour. La seule différence ici, c’est que comme c’est une randonneuse pour sortir des routes (allez voir le col du Parpaillon : c’est typiquement le genre de sortie destinée à cette bestiole), je vais un peu relever l’avant par rapport à ce que je mets sur mes vélos de route.
Les règles de dimensionnement que je vais appliquer ici me sont complètement inconnues, car c’est ma 1ere randonneuse, et je n’ai jamais roulé sur un 650B. Je me suis gavé des articles de Jan Heine, qui est le redac-chef de Bicycle Quarterly, et un dingue de René Herse (il a d’ailleurs racheté la marque et commercialise des copies de Herse aux US). Pour résumer, c’est un grand partisan de la chasse réduite, partant du principe que l’effet de chasse réduite est contre balancé par la surface importante de contact du pneu sur le sol qui stabilise le vélo. De plus, comme l’avant du vélo est destiné à être chargé, une valeur réduite de chasse est préférable. Enfin, l’intéret du 450B à chasse réduite réside aussi dans un wheel flop réduit (le wheel flop étant l’effet qui fait “plonger” l’avant du vélo quand on tourne le cintre : mettez votre vélo dans un porte vélo à l’horizontal, tournez le cintre, la roue avant monte. C’est le wheel flop, qui déstabilise le velo quand on le met en virage).
D’après ce que j’ai compris, la géométrie suivante doit me garantir grande stabilité sur tous les terrains, et précision dans la mise en virage (avec ou sans bagages) :
J’ai gardé un boitier relativement bas. Pour monter des porte bagage, il y a 30mm entre le sommet du pneu et le té de fourche ou les pontets arrières. Les freins seront des Paul Component Racer qui ont très bien fait et puissants, mais qui ont des tasseaux à position spécifique. La fourche aura un déport important (68mm) pour cette histoire de chasse réduite (31mm), j’ai déjà un peu d’appréhension pour la mise en forme. Le té étant assez large, je remonte un peu le DT pour éviter tout conflit.
Je reste en 31.7mm en tube de direction, c’'est à dire un jeu de direction en 1". Ce n’est pas moins rigide qu’un 1"1/8, du moins pour ce genre de vélo (on ne passe pas son temps en danseuse à tirer sur le cintre, avec une randonneuse).
Les tubes sont en OS : 28.6mm pour tube de selle et tube horizontal, 31.7 pour tube oblique. Le tout en bilaminate, même si les angles sont complètement compatibles avec des raccords.Pour la sélection des tubes (Columbus), c’est un mixte de SL et de Spirit FL pour le triangle avant, en prenant soin d’avoir des longueurs significatives d’épaisseur max près des miters. Par exemple, j’ai commandé un DT de 650mm, ce qui me laisse juste 20mm de marge pour mes miters, mais ce qui me garantit que j’aurai vraiment une bonne épaisseur à la jonction de tubes.
pour l’arrière, il a fallut que je prenne du Zona pour les bases, car le SL est trop court. Les haubans sont en SL conique.
J’ai donc commandé tout ça chez Ceeway, et en attendant j’ai un peu préparé le chantier :Un outil pour placer les tasseaux (encore un bon exercice pour braser sans distorion) :
Et les manchons du tube de direction, presque finis :
Si certains d’entre vous ont l’expérience des randonneuses 650B, n’hésitez pas à me donner les conseils et les trucs qui vont bien.
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et ben, tu perds pas de temps toi
J’ai un projet similaire qui j’aespère acouchera cette année. Voici la grosse synthèse des recherches que j’ai faites;
sélection de tubes:
historiquement, les cadres aciers étaient construis en dimensions standarts (TT de 1"; DT de 1 1/8"…). Ce standart a évolué d’une part par l’arrivée de l’alu et d’autres part par l’évolution des pratiques (bmx, vtt). De nous jours, les vélos de route acier sont souvent construis en tubes OS, peut être plus par effet de mode que par conception et choix judicieux. Certains font de la résistance comme les coureurs japonais de Keirin ou bien les randonneurs ricains comme Heine (dont je crois que la perf est d’environ 50h sur le 1200 km de PBP, soit 37% plus rapide que la moyenne des autres concurents). Tout ça pour dire que à moins de vouloir faire le tour du monde chargé comme une mule, ou bien utilisé des freins à disques, une construction en tubes OS ne semble pas nécessaire, voir peut être moins efficace.sur la construction
le point le plus délicat à maitrissé pour moi est l’arrière. En fonction du Q factor de ton pédalier, ça peut être un sacré challenge de casser des GB de 60mm de large tout en gardant une ligne de chaine de 42. Les rares cadres de randonneuse haut de gamme que j’ai approché utilisaient des bases rondes en 22mm certainement pour être bien rigide à ce niveau. Les bases sont légèrement cintrés autour du pneu et une petite indentation est faite pour le GB.sur la géo.
Si tu prévois de prendre des sacoches latérales surbaissées, il semble favorable d’augmenter légérement la chasse à 40mm. Sinon 30 mm semble “parfait” d’apres notre ami Jan Heine.Sujet fasciant, mais faut que j’y aille. A+